Quels sont les signes cliniques d’une dépression? Ce sont tous les signes que vous ressentez et pouvez exprimer au médecin et également tous ceux qu’il observe et que vous ne percevez pas. C’est l’ensemble de ces signes, les symptômes, qui définissent une pathologie.
Certains peuvent manquer, certains sont nécessaires mais non suffisants, certains n’appartiennent qu’à cette pathologie.
La médecine n’en finit pas de les classer, de les répertorier, de les inventorier. Les voici mais sachez qu’au dessus de cinq et sur une durée de 2 semaines vous avez toutes les raisons de consulter un spécialiste.
Et surtout, à la survenue d’envies suicidaires, vous devez impérativement consulter quelques soient les circonstances.
Les signes cliniques sont par essence subjectifs, les signes objectifs sont mesurables quantifiables. Ils viennent confirmer, vérifier, ou même apporter une dimension nouvelle au diagnostic. Ils seront développés dans : « la dépression cela se diagnostique « .
La clinique s’intéresse également aux causes de la dépression, qui traitées éviteront les rechutes, nous les verrons dans : » la dépression cela s’explique « .
Les signes de l’état dépressif doivent être traités symptôme par symptôme lorsque cela est possible sans attendre les effets des traitements antidépresseurs ou par stimulation magnétique. |
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PERTE DES SENTIMENTS : ALEXITHYMIE
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On est une mère, on n’a plus de sentiment maternel. On est amoureux mais on ne ressent plus l’amour.
La vie passe derrière une vitre comme un spectacle inaccessible. Vous êtes coupé.e de vos sentiments et témoin de cette coupure.
Elle s’accompagne souvent d’une privation de sensations, une diminution du goût, mais également une perte de la sensation de douleur.
C’est une véritable anesthésie sensorielle et affective qui se rencontre dans peu d’autres pathologies, sinon l’anorexie mentale.
Un sentiment particulièrement douloureux souvent invoqué lors des tentatives de suicide. Signe objectif : tests spécifiques |
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INSOMNIE
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Toujours présente et caractéristique pour les dépressions, elle se présente comme une insomnie de réveil dans la nuit :
- Sans endormissement
- Douloureuse
- Rebelle au traitement
C’est souvent à ce moment que les idées noires apparaissent.
On leur oppose souvent l’hypersomnie. Il s’agit en fait dans les 2 cas d’un dérèglement de l’horloge biologique. C’est tout le cycle veille / sommeil qui est atteint.
L’insomnie reste cependant assez peu discriminante, elle existe dans presque toutes les maladies psychiatriques et les situations de souffrance psychologique.
Signe objectif: enregistrement polysomnographique du sommeil. |
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ALTÉRATION DE LA TEMPORALITÉ
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Vous avez du mal à vous projeter dans l’avenir, cela vous renvoie à des idées mortifères. La jouissance de l’instant est inaccessible. Le passé, le souvenir des moments heureux ne vous sont plus d’aucun secours. Votre fenêtre de vie est étonnamment réduite à la semaine parfois à la journée qui suit. Vous vivez un temps interminable, dense, douloureux. « Cela n’en finit plus »
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DOULEUR MORALE
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Qui a vécu la douleur d’un état dépressif ne l’oubliera jamais, ne la comparera à nul autre. C’est une douleur sourde, profonde, permanente, que rien ne peut interrompre, ni le plaisir, ni les sentiments, ni la présence d’un proche.
Elle est indicible au sens littéral du terme, car, si la souffrance est un lieu commun de la nature humaine, la souffrance de l’état dépressif est indescriptible et incomparable à toute autre autant par son intensité que par sa nature. Elle vous laisse dans le terrible sentiment de ne jamais pouvoir être compris. Elle est si singulière qu’on pourrait la définir comme l’inverse d’une douleur de deuil. |
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RUMINATIONS
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Les pensées douloureuses s’inscrivent en boucle dans votre esprit.
C’est un trou noir qui semble attirer à vous toutes les pensées négatives, toute la vie est interprétée dans un sens qui alimente votre souffrance. Vous avez perdu toute trace de dialogue intérieur celui qui a l’habitude, à la survenue d’une pensée négative, de venir opposer une pensée positive pour la contrebalancer.
Ce n’est pas seulement le lien avec les autres qui est perdu mais le lien avec vous-même. Ce mécanisme, ce schéma de pensée perdure souvent au delà de l’état dépressif lui-même, c’est bien pour cela que nous faisons presque systématiquement des thérapies cognitives même après la guérison de l’état dépressif. Ces ruminations sont la cause et la conséquence de la dépression. Il est avéré que les personnes sujettes aux ruminations ont beaucoup plus de chances de faire une dépression que les autres. Signe objectif : test de ruminations. |
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LA CULPABILITÉ
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« Je suis le Christ et La croix, la plaie et le couteau »
Qui mieux que le poète pour exprimer la dangereuse posture où vous vous trouvez. Vous êtes à la fois la victime d’une maladie, et vous vous sentez coupable, tant auprès de vos proches, que de vous-même qui n’arrivez pas à la réguler. Le monologue intérieur qui vous envahit est sans pitié, sans concession sans compassion. Ce signe n’est pas toujours présent, il est par contre très singulier de la dépression quand il existe. Nous sommes tous sujets à la culpabilité: c’est souvent la transgression d’une réalité sociale, ou d’objectifs personnels. Pathologique, elle découle de la violation de règles irréalistes, et parfois même irréelles.
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TROUBLES COGNITIFS
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Souvent confondus avec « la fatigue de la dépression », la perte de mémoire, les troubles de la conscience, les difficultés d’attention, l’incapacité de synthèse, et la fatigabilité des tâches habituelles constituent des signes en soi des troubles de l’humeur objectivables et mesurables. Ils sont souvent inauguraux des épisodes dépressifs. |
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PENSEES SUICIDAIRES
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La mort n’est pas quelque chose que vous souhaitez mais qui s’impose à vous.
Un envahissement contre lequel vous luttez. La chose peut à tout moment vous dépasser et vous vous sentez en danger. Réagissez immédiatement en vous adressant à votre médecin habituel, votre médecin psychiatre ou directement auprès des urgences psychiatriques les plus proches de chez vous. |
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PERTE D’ÉNERGIE – RALENTISSEMENT PSYCHOMOTEUR
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Tous les gestes automatiques qui appartenaient à votre vie ordinaire sont devenus l’objet d’une lutte, d’un effort. Tout vous paraît une montagne. Ce n’est pas seulement une sensation de fatigue car l’étude des constantes telles que la température, la capacité d’efforts, sont objectivement diminués. Ce n’est pas une simple sensation de fatigue mais une authentique diminution de votre métabolisme de base.
L’asthénie règne en maitre sur votre existence. Au réveil vous appréhendez les efforts de la journée à venir. |
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PERTE D’APPÉTIT
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» Il faut bien manger pour vivre » sans appétit, ni goût, vous êtes dans la lutte au moment des repas et la perte de poids est inexorable, régulière et semble résister à tous vos efforts. Cela peut aller jusqu’au dégoût pour certains aliments et l’arrêt complètement et de toute alimentation. Ce signe doit être corrigé, car il aggrave votre état et diminue vos défenses.Signe objectif : diminution régulière de la courbe de poids sur un mois. |
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PERTE DE L’ESTIME DE SOI
Rien ne semble vous satisfaire , vos victoires , vos progrès , votre avancée dans la vie. Rien ne se grave qui constituerait l’histoire de votre vie. Tout ce qui nous ferait plaisir, nous donnerait de l’assurance, de la confiance en nous , tout cela est rejeté et ne semble pas s’imprimer en votre faveur. Faute d’être humble, vous êtes dans le désintérêt de vous-même. La raison est simple: privé.e de tout regard sur vous-même, vous êtes privé.e de « l’estime de soi » et même vos réussites ne peuvent servir à votre construction de vie. Ce manque vous rend insatiable, dans une perpétuelle quête de plus, de l’après.
Ce désintérêt donnent parfois aux autres le sentiment de supériorité, de froideur, ils se trompent et vous en souffrez.
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PERTE DE PLAISIR ET DE DÉSIR
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Vous voilà privé de vos plaisirs habituels mais plus encore du désir qui nous anime tous. C’est la quête, la satisfaction du désir qui anime toute notre vie. Privé(e) de ce moteur vous êtes perdu(e), sans but et culpabilisez de ne profiter de rien. De la sexualité, aux désirs les plus simples, tous les registres sont touchés et constituent une vraie souffrance, un signe important dans la dépression, bien qu’il existe dans beaucoup d’autres pathologies.
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